
Mars 2025, ScoreFact intervenait lors de l'IA Private Equity Symposium regroupant des acteurs du marché IT européen. Cette initiative privée met en commun des moyens financier et intellectuels. La mission est de favoriser le potentiel de croissance à long terme des éditeurs et des ESN et de sécuriser leur récurrent ARR. Précisément la mission de ScoreFact.
Intervenant : CEO ScoreFact - Raphaël d'Halluin.
Synthèse partielle d'un article disponible sur abonnement ScoreFact.
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INTERVIEW
OÙ EN EST L'IA EN 2025 ?
L'EUROPE EST-ELLE DANS LA COURSE ?
ON PARLE DE PLUS EN PLUS DE L’IA AGENTIQUE
ON PARLE BIEN ICI DE REMPLACER LES .. HUMAINS ?
CAS CONRÊT : CELA VA AUSSI ARRIVER POUR SCOREFACT ?
FAUT-IL CRAINDRE L’IA ?
PEUT-ON FAIRE CONFIANCE À l’IA ?
QUEL EST LE MODÈLE ÉCONOMIQUE ?
QUEL FREIN POURRAIT LIMITER LE DÉPLOIEMENT DE L’IA
Globalement, l'IA est un axe de travail pour tous les acteurs du marché IT. A la fois pour améliorer en INTERNE la performance et la disponibilité des équipes et en EXTERNE pour enrichir les offres proposées aux clients.
📌 9 QUESTIONS
Q : EN QUELQUES MOTS, OÙ EN EST L’IA en 2025 ?
2025 est la première grande année de l’IA, celle qui révèle ses usages au monde. Ce sont les smartphones qui lancent la généralisation massive (Apple, Google, Samsung, etc.). L’IA sera partout, sous différentes formes. A chaque entreprise de préparer sa transition. Maintenant.
Q : L’EUROPE EST-ELLE DANS LA COURSE ?
La concentration des investissements mondiaux sur l’IA est sans précédent. Dorénavant elle cumule a) la recherche fondamentale (les outils) et b) la course à l’exploitation commerciale (les usages). En parallèle, les infrastructures se développent avec des capacités de calcul en explosion. Il fallait cette coordination de moyens pour ouvrir l’ère de l’IA.
C’est une course mondiale que personne ne veut perdre, ces investissements deviennent un enjeu international. La Chine notamment déploie des efforts titanesques, les benchmarks de leurs productions montrent que c’est avec un certain succès.
La place de l’Europe est encore à construire. L’histoire nous montre que nous avons du mal à exceller dans la combinaison gagnante : outils + usages + infrastructures. Notre défi est de ne pas oublier ou mépriser certaines composantes de la réussite, notamment la partie purement commerciale de l’IA. Elle doit produire de la valeur.
Q : VOUS PARLEZ SOUVENT DE L’IA AGENTIQUE
On parle beaucoup de l’IA Générative (celle qui crée des images, des textes, qui nous répondra dans nos smartphones, etc.) mais ce n’est pas forcément celle qui a le plus d’impact réel, notamment sur la vie des entreprises, plus profondément concernées par l’IA Agentique. Ce terme définit des « agents » autonomes capables de réaliser des tâches sans supervision humaine. Il s’agit de code informatique capable de prendre des décisions de manière autonomes pour atteindre des objectifs spécifiques. Le système prend des décisions selon le contexte, avec un raisonnement et la richesse d’un apprentissage progressif. Le mot clef est bien « décision ». Tout est là. L’IA a fort impact est celle qui prend des décisions.
Des exemples d’usage sont la conduite autonome de véhicules, non pas dans son ensemble, mais spécifiquement pour décider de doubler en ayant pris en compte tous les paramètres pour autoriser ou non l’action. L'IA Agentique combine la perception, le raisonnement et l'action pour fonctionner de manière autonome. Les usages sont infinis. Chaque entreprise peut réfléchir à son propre usage et à ceux qu’elle pourrait proposer à ses clients.
Q : ON PARLE BIEN ICI DE REMPLACER LES .. HUMAINS ?
Aucune raison de ne pas être clair. Oui, cela remplacera de nombreux métiers. On a déjà remplacé notre force physique par des machines, puis on a remplacé une partie de notre travail intellectuel par des logiciels et maintenant on en arrive à remplacer ce qui restait purement l’apanage des humains : notre intelligence conduisant à des prises de décisions. Et ce qui fait mal à entendre, c’est que dans certains cas ce sera incontestablement plus performant.
Q : DU COUP CHEZ SCOREFACT CELA VA AUSSI ARRIVER ?
Notre métier chez ScoreFact est de traiter de la data client afin de prioriser les décisions impactant le plus la satisfaction client, la sécurisation du revenu récurrent et la croissance.
La collecte des données et l’analyse de niveau 1 sont déjà prises en charge par des solutions logicielles. Nos consultants ultra pointus gardent la vérification, l’analyse des données et surtout la conception et la rédaction des recommandations.
Cependant, depuis 2022 nous avons lancé un plan IA afin de produire notre propre TGP, spécialisé dans l’analyse de données clients. Aujourd’hui en V2, elle peut produire des recommandations de qualité, contrôlées, enrichies et présentées par nos consultants. Les progrès sont phénoménaux, car notre IA ne sait faire et ne s’entraine qu’à cela. Elle est ultra spécialisée et focalisée.
Je suis clair avec nos équipes, si nous ne réinventons pas un niveau supérieur de valeur ajoutée apportée par l’humain au-dessus de l’IA, nos propres jobs seront remis en cause. C’est une OBLIGATION de travailler activement à cette valeur ajoutée spécifiquement humaine, sans attendre. Je ne doute personnellement pas qu’elle existe et que ce soit une source d’opportunités, mais il faut faire l’effort de la penser puis de la modeler.
Q : FAUT-IL CRAINDRE L’IA ?
Non, surtout qu’elle est déjà là. Il faut par contre craindre l’immobilisme.
Q : PEUT-ON FAIRE CONFIANCE À l’IA ?
C’est une question centrale à laquelle la réponse est nuancée. Jouer sur Chat GPT est facile et divertissant, les questions les plus fréquemment posée montrent que l’usage reste à ce jour au mieux .. très futile.
Faire reposer des décisions professionnelles critiques sur l’IA est autre chose. Les biais sont nombreux, pouvant conduite à des réponses fausses, inexactes ou sans nuance. L’être humain étant ce qu’il est, fera-t-il toujours l’effort de vérifier que l’IA ne souffre pas d’hallucinations dans ses réponses. Probablement pas.
L’IA générique sera toujours moins fiable qu’une IA dédiée. C’est pourquoi l’IA Agentique est conceptuellement plus fiable. Conçue pour un usage, elle est également portée par une chaine de responsabilité plus claire, offerte par la relation commerciale avec un prestataire spécialisé qui vous propose cet agent comme un service. Mon propos vise ici à casser le mythe de l’IA universelle. L’IA a besoin d’être spécialisée pour être performante et fiable, ce qui ne manquera pas d’alimenter un marché aussi diversifié que florissant. Le prestataire sera responsable du contrôle de son moteur d’IA, des mises à jour, de son accès à des univers de données vérifiées, son bilan carbone, etc.
J’en profite pour attirer votre attention sur la perte de contrôle inhérente à l’IA, au point de ne plus pouvoir savoir dans quelques années si elle raisonne avec justesse. L’IA Agentique va se multiplier en sur-couches et s’enrichir par l’apprentissage. Il n’y aura plus 1 processus unifié déployé dans tous les cas, mais une multitude d’IA, fortes de leurs propres expériences. Le contrôle de chaque IA impliquée dans une décision globale sera très complexe.
Q : QUEL EST LE MODÈLE ÉCONOMIQUE ?
Comme pour le Web, les utilisateurs d’IA prennent l’habitude d’un usage « gratuit ». Cela accélère l’adoption, mais cela rend la rentabilité difficile. Cette situation ne conduit généralement pas à des modèles économiques profondément équilibrés et vertueux.
Pourtant le coût de fonctionnement de l’IA est très élevé. Le bond en avant des performances de l’IA est plus intimement lié à la puissance de calcul à la micro seconde qu’à l’évolution fondamentale du code informatique sur lequel repose l’IA. Plus les serveurs sont rapides, plus on peut calculer d’hypothèses et en faire la synthèse dans un temps donné. Et c’est cela qui fait que l’IA ressemble à de l’intelligence humaine. Le même code il y a 10 ans aurait pris des semaines là où il ne faut plus que des millisecondes. Lorsque c’est long, on comprend que c’est un calcul titanesque qui donne le résultat. Mais lorsque c’est immédiat ça semble beaucoup plus impressionnant. Cette puissance de calcul a un coût astronomique. Voyez les investissements de Microsoft dans les microprocesseurs et dans l’énergie nucléaire. Ce n’est pas pour rien. Quelqu’un devra payer.
La professionnalisation de cette industrie apportera un modèle économique. Il reposera probablement dans un premeir temps sur la production d’IA Agentiques spécialisées, comme pour les logiciels « métier ». Sur cette base se construira un marché dynamique pour tous ceux qui auront défini la valeur ajoutée que l’IA apporte à leurs propres clients.
Q : QUEL FREIN POURRAIT LIMITER LE DÉPLOIEMENT DE L’IA
Je parle souvent du combat commercial qui succède à toute révolution technologique. L’exemple classique commence à dater (VHS contre betamax ou V2000) mais ce qui est sûr c’est qu’il n’y a jamais qu’un seul gagnant. Qui sera-t-il pour l’IA ? La question sous-jacente est : allons-nous assister à une bataille de standard ? Celle qui ralentit l’adoption, par les incompatibilités, mais favorise l’innovation et un coût plus accessible. La Chine et les Etats-Unis semble avoir fait leur choix et ce n'est pas forcément celui que nous attendions.
Des voix militent pour un backbone IA universel et libre, permettant de concentrer les investissements et l’innovation sur les usages. Il serait développé à l’échelle mondiale. J’ai contribué à des projets similaires par le passé, visant à unifier la structure des solutions de gestion d’entreprises. Mon expérience est qu’il est difficile de fédérer au niveau mondial. Mais au niveau européen c’est tout à fait possible..

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